Les Retrouvailles
Le 25 août, une date depuis longtemps réservée dans les agendas des membres de l’Assemblée Populaire du Rhône (APR), a finalement sonné. On se souviendra, pour les lecteurs et lectrices les plus fidèles, qu'Arles a accueilli les prémices de l’APR il y a deux ans, en parallèle du Festival "Agir pour le Vivant".
En cette journée caniculaire d'août, la chaleur écrasante Arlésienne n'a pas réussi à éclipser le plaisir de se retrouver, de renouer avec les visages familiers et de replonger dans les arènes d'idées et de débats animés qui caractérisent l'Assemblée Populaire du Rhône.
Reposer le Cadre et le Mandat
L’ouverture de cette quatrième session s’est faite autour d’une intervention des membres du Conseil consultatif et du Comité de gouvernance qui ont partagé les intentions de cette session : permettre aux panélistes d'aborder la démocratie directe, de poursuivre et approfondir le travail d'élaborations de réponses au mandat et d'imaginer des méthodologies. L'association id.eau, commanditaire de la démarche, a rappelé les principes directeurs du mandat : les limites planétaires, la transnationalité et la démocratie directe. Les membres du panel ont été encouragé à approfondir et à creuser leurs intuitions, à oser déconstruire pour repenser des imaginaires.
S’inspirer de nouveaux récits
Deux récits d'expériences vécues ont apporté une dimension concrète à la session, incarnant les réalités des luttes citoyennes et de modèles d’expérience de démocratie directe.
Roberto Epplé, hydrobiologiste, président de SOS Loire Vivante et de European River Network, a partagé ses expériences d'organisations citoyennes en lutte pour la préservation des cours d'eau et la restauration des écosystèmes fluviaux. Il a exposé de manière simple et passionnée sa vision et son action : dans les différents bassins versants d’Europe, des citoyennes et citoyens réagissent spontanément et de manière non organisée face à des projets d'aménagement non concertés et porter atteinte aux écosystèmes. Pour soutenir et accompagner ces luttes, il s’agit de favoriser leur mise en réseau et les aider à adopter une vision plus systémique, « pour permettre à ces citoyens d'avoir une vision globale tout en préservant leur perspective et leur force locale ».
Roberto a notamment partagé l'expérience marquante de la lutte pour le fleuve Loire. Dans les années 90 des projets d'aménagement menaçaient de détruire le fleuve le plus sauvage d'Europe, de sa source à son estuaire, y compris ses affluents. Face à cela, et sensibilisés par l’exemple d’artificialisation plus anciennes de fleuves comme le Rhône, des citoyennes et citoyens se sont rassemblé.es en assemblées dans plus d'une centaine de lieux, dont dix actifs sur le bassin versant. Les rencontres ont eu lieu en opposition aux bulldozers, et pendant cinq ans, le chantier a été occupé, réunissant des riveraines et riverains ligériens et étrangers dans une défense commune de ce patrimoine européen : la Loire.
Cette lutte s'est achevée par une victoire, devenant un modèle pour les groupes locaux et régionaux unissant leurs forces contre des projets impactant leurs territoires. L’ensemble des projets d'aménagement ont été abandonnés et remplacés, pour la plupart, par les nouvelles propositions des riveraines et riverains. C'est ainsi qu'est né le Plan Loire, avec des ressources financières conséquentes et une approche de gestion collaborative sur une période de 20 ans. Cette expérience a également conduit au démantèlement de trois barrages préexistants et Roberto conclut avec un sourire : « Entendre le chant de la rivière que vous avez défendue est une expérience magnifique ».
C'est ensuite au tour de Mathilde Marendaz, activiste engagée dans les Grondements des Terres et députée écologiste du Grand Conseil vaudois, de partager son expérience. Elle accompagne les habitantes et habitants, ainsi que des collectifs à ouvrir des débat locaux sur des aménagements réalisés ou envisagés sur leurs territoires. Elle s'est notamment impliquée dans la première Zone à Défendre (ZAD) de Suisse, créée sur la colline du Mormont en 2020 menacée par le cimentier Holcim.
Mathilde a introduit son récit en apportant un regard critique sur la démocratie en Suisse, mettant en avant ses forces et ses leviers, mais aussi ses limites. Elle a évoqué les questionnements soulevés par son engagement au Grand Conseil et l'attention médiatique qu'elle a suscitée en tant que « zadiste » élue au Grand Conseil.
Pour conclure, Mathilde a partagé son expérience avec le collectif « Grondements des Terres ». Ce collectif explore de nouvelles manières d'occuper les espaces à protéger, en tenant compte des spécificités culturelles de la démocratie suisse. Cela inclut des discussions avec les syndicats, la proposition d'activités mensuelles et l'organisation d'assemblées avec les habitants...
L’après-midi se termine par l’intervention d’Agnès Sinaï, politologue et directrice de l'Institut Momentum, qui offre un panorama de différentes expériences de démocratie directe dans l’histoire et dans différents endroits de la planète en citant des exemples comme l’apparition du biorégionalisme en Californie.
Se préparer pour la suite
Ces interventions avaient pour but de préparer les panélistes à la deuxième journée dédiée à la production de proposition concrètes.
Le temps de partager un délicieux repas au cœur de la place la Roquette d’Arles dans le tiers-lieu « Parade », les panélistes ont pu assister à la projection en avant-première de deux documentaires sur la thématique des « gardiens de la foret » dans le cadre du festival Agir pour le Vivant.
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